Le festival « série mania » était de retour pour sa quatrième édition la semaine du 24 au 28 avril 2013. Vous avez apprécié les saisons précédentes, le Forum des images à Paris n’a donc pas hésité à vous faire replonger dans le monde des séries durant cette semaine marathon. Un programme chargé vous était proposé et tout le monde pouvait y trouver son bonheur. D’épisodes de séries inédits à des documentaires en passant par des tables rondes, il y en avait pour tous les goûts. Une partie de l’équipe de Backstory a assisté à la conférence du vendredi 26 avec pour thème : « Les séries transmédia : Quelles réalités, quels enjeux ? ». Vaste programme auquel ont tenté de répondre Christophe Cluzel, responsable développement numérique chez France Télévisions Distribution, Hadrien Cousin, chef de produit web Canal +, Jérôme Duchesne, directeur audiovisuel à la SACD, Oriane Hurard, coordinatrice Transmedia Immersive University, Claire Leproust, directrice des développements numériques chez Capa, Gwenaëlle Signate et Aurélie Taguet respectivement conseillère éditoriale transmedia pour « Les petits meurtres d’Agatha Christie » et pour « Fais pas ci fais pas ça ». Tour cela animé par Jérémy Pouilloux, président de Transmedia Immersive University. Autrement dit : de nombreuses personnes hautement renseignées sur les pratiques transmédia actuelles en France :).
Teaser Festival Séries Mania saison 4 auForum des images.
Quelles sont les fonctions du transmédia ?
Cette conférence était destinée aux personnes peu averties en matière de transmédia. C’est donc pour cela que l’événement a commencé par une définition de ce terme à la mode. Voici une piqûre de rappel : Le storytelling transmédia est une nouvelle façon de raconter des histoires, d’une manière plus vaste, plus immersive et plus profonde. Ce n’est pas une nouvelle façon de les concevoir ou de les imaginer, simplement une nouvelle façon de les raconter en organisant différentes parties du récit sur différents médias.
Nous avons eu, par la suite, une remise dans le contexte des projets de ce type autours des séries. Pour ce faire trois phases ont été dégagées : avant, entre et pendant la diffusion.
Avant la diffusion : le transmédia peut servir à faire la promotion de la série grâce à du storytelling promotionnel. Pour étayer ce point, nous avons eu comme exemple l’ARG de « True Blood » ainsi que leur vente de bière, en amont, couleur sang. L’abus d’alcool peut être dangereux pour la santé ;).
Entre la diffusion : ici, la pratique multiplateforme est utilisée pour faire patienter les fans. Les fans de la série ont pu patienter entre deux saisons par le biais des ARG proposés entre les saisons de « Lost » par exemple.
Pendant la diffusion : durant un épisode de « Plus belle la vie », nous avons vu Ninon (les amateurs de la série sauront de qui nous parlons) ouvrir un blog sur Internet intitulé L’œil de Ninon. Il a été lancé au même moment dans la réalité créant ainsi de nombreuses connexions simultanées. Les actions de ce genre permettent aux fans d’avoir d’autres informations complémentaires durant la diffusion de l’unitaire principal.
Après cette introduction, la parole était aux « responsables de programmes » sur France TV et Canal +. La politique du transmédia y est bien différente. Ce qui peu paraitre logique au vu de la politique des deux chaines. Pour Canal +, représenté par Hadrien et Claire, cette pratique est utile pour attirer une nouvelle audience plus jeune, mais surtout (et sans langue de bois) pour trouver un nouveau business model ou encore donner une image de nouveauté. Le discours était différent pour France TV représentant le service public : leur but principal est de tester une nouvelle manière de narrer une histoire et d’enrichir l’expérience du public.
Quelles sont les motivations des chaines pour faire des programmes transmédia ?
Claire Leproust nous a répondu avec sincérité en nous disant : par envie. Une envie de faire un cadeau aux téléspectateurs de Braquo pour le cas de Capa. La page Facebook de cette série comptabilisait beaucoup de fan avant l’expérience interactive. Il y avait donc une communauté à toucher. Ce qui rend la tache plus aisée. En créant un lien entre la série et le spectateur, il est possible de déclencher une émotion forte. De plus, l’histoire parallèle se basait sur le scénario original et ne venait nullement changer l’histoire originale afin de ne pas perturber les fans.
Pour la maison France Télévisions et le programme «Les petits meurtres d’Agatha Christie », l’extension transmédia digitale leur a permis de toucher un public plus « geek », fan du second écran, et à l’opposé plus familial (des familles se sont réunis pour résoudre l’enquête). En revanche pour la série « Fais pas ci fais pas ça », la constatation d’une page Facebook très animée les a poussée à concevoir une expérience de ce type. L’univers était propice à ce genre d’expérience.
En disséquant ces différentes expériences, certains peuvent être amenés à penser que le surplus d’informations peu lasser des spectateurs. A cette interrogation, Hadrien Cousin a répondu : « Nous pouvons abreuver le spectateurs d’informations supplémentaires sans reproduire à chaque fois de la fiction. Nous pouvons juste interagir avec eux ». Ce qui sous entendait de fournir des éléments certes, mais des éléments peu cruciaux.
Cette conférence fut très utile aux personnes ne connaissant pas encore le transmédia. Ce genre d’événement tend à rendre ces pratiques multisupports plus populaire afin de créer une demande plus forte autours de ce type de projet. Pour ce qui est des professionnels, nous étions déjà au fait des projets que les intervenants nous ont proposés. Cependant nous savons, dorénavant, que la différence de point de vue entre les chaines est très importante à prendre en compte lorsque nous leur proposons une expérience :).